Concilier
famille, travail et études

 

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Concilier la famille, les études et souvent aussi le travail. C’est là un enjeu majeur dans nos sociétés d’aujourd’hui et c’est là le sujet de ce site web, incluant notre rapport de recherche ainsi que notre série de trois balados sur le sujet.

Selon les dernières données disponibles, environ 4 jeunes sur 10 âgés de 25 à 34 ans sont parents de jeunes enfants. Ils sont également nombreux à occuper un emploi. En effet, près du tiers des jeunes de 25 à 34 ans sont en emploi tout en étant parents. A l’Université du Québec, le service de la recherche institutionnelle indique que 22 % des personnes qui débutent un programme ont des responsabilités parentales, et les trois quarts d’entre elles cheminent à temps partiel dans leur programme d’études.

Les difficultés de conciliation se traduisent essentiellement par un manque de temps pour la famille ou les études, par des difficultés à arriver à tout faire, surtout si l’on ne trouve pas de mesures de soutien dans son établissement d’enseignement ou son milieu de travail.

Du côté de la famille, ce sont le conjoint et les membres de la famille qui peuvent aider. Du côté de l’employeur, le soutien du supérieur immédiat et des collègues, ainsi que l’offre de mesures d’aménagement du temps de travail ou de télétravail peuvent aider les parents-étudiants qui sont aussi travailleurs.

Mais quelles sont les principales difficultés vécues par les parents-étudiants? Quelles sont les mesures mises en place par les établissements d’enseignement supérieur? Voilà les questions auxquelles ce site tente d’apporter des réponses en fournissant un certain nombre de ressources sur la conciliation famille-travail et études, et en voyant ce que les établissements d’enseignement supérieur offrent actuellement au Québec.

Bonne lecture et bonne écoute des balados!

Vous trouverez ici trois balados sur la CFTE ainsi qu’un rapport sur les mesures existant dans les établissements d’enseignement (collèges et universités) et d’autres ressources sur le sujet.
Diane-Gabrielle Tremblay, Professeure, Université TÉLUQ

Balado 1

Les difficultés et enjeux de la conciliation famille, travail et études (CFTE)

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Diane-Gabrielle Tremblay

Concilier la famille, les études et souvent aussi le travail. C’est là un enjeu majeur de nos jours. Et c’est le sujet de ce premier balado de notre série de trois. Selon le recensement de 2016, environ quatre jeunes sur dix, âgés de 25 à 34 ans, sont parents de jeunes enfants. Ils sont également nombreux à occuper un emploi. En effet, près du tiers des jeunes de 25 à 34 ans sont en emploi tout en étant parents. À l’Université du Québec, le Service de la recherche institutionnelle indique que 22 pour cent des personnes qui commencent un programme ont des responsabilités parentales et les trois quarts d’entre elles cheminent à temps partiel. Les difficultés de conciliation se traduisent essentiellement par un manque de temps pour la famille ou les études, par des difficultés à arriver à tout faire, surtout si l’on ne trouve pas de mesure de soutien dans son établissement d’enseignement ou son milieu de travail. Du côté de la famille, le conjoint ou les membres de la famille peuvent aider. Du côté de l’employeur, le soutien du supérieur immédiat et des collègues, ainsi que l’offre de mesures d’aménagement du temps de travail ou de télétravail peuvent aider les parents étudiants qui sont aussi travailleurs.

Mais quelles sont les principales difficultés vécues par les parents étudiants? Voilà le sujet de ce premier balado de notre série de trois. Nous avons effectué une recherche auprès des collèges et universités du Québec. Nous avons aussi réalisé des entrevues et une table ronde avec quelques établissements et associations de parents étudiants pour obtenir leur point de vue sur les difficultés des parents étudiants à articuler les responsabilités parentales, les études et parfois aussi un emploi. Quelles sont donc les principales difficultés vécues par les parents étudiants? Écoutons-les. Gracias Kedote, vous êtes étudiante à Polytechnique. Est-ce que vous pouvez me parler des difficultés que vous vivez pour concilier famille et études?

Gracias Kedote

Les grandes difficultés qu’on rencontre le plus souvent, c’est déjà qu’il n’y a pas vraiment de mesures mises en place à Polytechnique Montréal. Il n’y a pas vraiment de mesures mises en place pour les parents étudiants qui sont au baccalauréat. Par contre, il y a des mesures qui sont mises en place pour ceux qui sont en maîtrise. Donc, moi, je suis au baccalauréat en génie industriel à Polytechnique. J’ai eu un enfant l’automne dernier. Parallèlement, je faisais mes cours, bien entendu. Il a été très difficile pour moi de passer des examens et tout, parce que même durant les examens, je n’avais pas vraiment d’aménagement pour pouvoir passer l’examen en tant que tel. Je n’ai pas vraiment eu de congé de maternité. Par contre, j’ai quand même eu droit à pouvoir repousser mes examens sur la base du certificat d’accouchement. Donc, c’est quand même difficile déjà, en tant que femme enceinte, on va dire, de pouvoir être à la fois aux études et avoir un enfant. Maintenant, on va parler peut-être du point de la garderie.

On sait tous très bien qu’actuellement, avec la pandémie, les enfants n’ont pas vraiment le droit d’être, ce n’est même pas les enfants, c’est tout le monde n’a pas le droit d’avoir deux mots du tout parce qu’on se retrouve tout de suite à être catégorisé et tout. Dès que mon enfant, par exemple, a un petit rhume, une petite toux reste à la maison, je suis tenue de rester à la maison aussi avec elle. Je n’ai pas, je n’ai malheureusement pas d’autres choix et ça ne représente pas une excuse valable, valide au niveau de l’administration pour un examen, pour rater un examen ou non. Donc, c’est vraiment contraignant, c’est vraiment stressant aussi de ne pas pouvoir avoir ces bénéfices-là. L’autre point, par exemple, c’est en termes d’organisation pour les travaux d’équipe avec les autres étudiants. On a la même charge de travail à l’école. Mais on n’a pas les mêmes disponibilités dans la vie réelle et ça peut vraiment être très difficile de s’organiser pour ça. C’est vraiment une gestion des priorités, mais bien entendu, là en tout cas, pour moi, ma priorité première est ma famille et ça reste ma fille.

Et tout. J’avoue que c’est délicat, c’est délicat. Et puis, je crois que dans l’ensemble, j’ai répondu aux deux questions à la fois en disant qu’il n’y a pas vraiment de mesures mises en place et voici les difficultés qu’on rencontre en tant que parents étudiants, et surtout au baccalauréat.

Diane-Gabrielle Tremblay

Géraldine Garceau-Pelletier, vous êtes du comité des parents étudiants de l’UQAM. Pouvez-vous nous parler des difficultés que vous avez observées chez les parents étudiants?

Géraldine Garceau-Pelletier

Difficultés pour les travaux d’équipe, les travaux d’équipe aussi posent vraiment un problème. Nous, ce qu’on proposent en ce moment à l’UQAM, c’est d’augmenter un peu le nombre d’heures de cours qui sont attribuées pour certains cours où il y a une nécessité de travaux d’équipe. Par exemple, un cours qui aurait 45 heures, de mettre ce cours-là à 60 heures, puis de prévoir une quinzaine d’heures pour les travaux d’équipe en classe, donc, travaux qui sont prévus à l’horaire maître, ce qui permet de planifier donc en début de session. Donc, c’est un peu une espèce d’impasse les travaux d’équipe. Ça touche à la liberté d’enseignement, ça touche aux objectifs pédagogiques. Donc, on était prêts, on étaient en dialogue avec les syndicats de professeurs et chargés de cours pour voir comment dénouer cette impasse. Finalement, l’allongement du nombre d’heures par cours s’avère être une solution intéressante pour pas mal tous les partis. Donc, à ce niveau-là, il y a une solution qu’on trouvaient intéressante. D’autres difficultés qu’on retrouvent en fait, nous, il y a un statut réputé à temps plein.

En effet, l’aide financière aux études, le programme de prêts et bourses du ministère de l’Éducation prévoit un statut réputé temps plein pour les parents qui, selon certains critères reliés soit à la monoparentalité, soit à la déficience fonctionnelle de l’enfant ou etc. On peut être réputé à temps plein à 6 crédits, en tout cas au premier cycle. Au deuxième et troisième cycles, il y a différentes distinctions qui sont à faire. Je ne rentrerai pas dans les détails du programme de l’AFE (Aide financière aux études), mais il y a certainement le statut du réputé à temps plein qui est reconnu par l’aide financière aux études, mais qui n’est pas reconnu par l’Université, donc, ce qui fait en sorte que l’accès aux bourses d’études, notamment, c’est un frein à l’accès aux bourses d’études, parce qu’on n’est pas réputé à temps plein à l’Université, on n’a pas accès aux bourses d’études. Aussi, la reconnaissance du statut de parent par l’institution d’enseignement est super intéressante parce qu’à l’inscription, on s’inscrit comme étant parent et donc, on fournirait à ce moment l’un des documents qui prouveraient notre parentalité.

Puis ça nous permettrait après ça d’avoir des accommodements qui sont plus reconnus plus globalement par l’Université et qui nous sortent du cas par cas, parce que comme ça a été relevé à plusieurs reprises, en fait, dans mon expérience de travail et de parents aux études, en fait, c’est que les accommodements académiques, donc on parle de reprise d’examen, on parle de report, d’échéancier pour la remise des travaux, etc. Ces problèmes-là d’accommodements, c’est quand on est dans le cas par cas. En fait, on interpelle nos enseignants directement nos enseignants dans le cas par cas. Ça fait qu’on est un peu tributaire de la bonne foi de nos professeurs. Donc, on souhaite sortir de ça et on souhaite que l’Université nous reconnaisse comme étant parent étudiant, puis qu’on n’ait pas besoin à chaque fois et que ça rajoute un stress supplémentaire sur nous d’être obligé d’aller voir le prof, de ne pas savoir s’il va accepter ou pas. Là, nous au CSPE, on reçoit des demandes de parents qui ont été refusées. Donc après, on fait le lien avec les directions de programmes.

Ça ajoute comme une lourdeur et un stress, en fait. Mon dernier point, c’était la présence d’enfants en classe. En fait, ça s’est relié tout à l’allaitement et à des facteurs qui peuvent être discriminants pour les femmes qui sont en situation ou les personnes qui sont allaitantes, donc. Et on travaille aussi à ce que cette présence d’enfants en classe soit inscrite dans une espèce d’idée que les enfants font partie de la vie. C’est tout aussi une approche féministe qu’on a qui est de sortir les enfants, la famille de la sphère privée pour l’amener dans la sphère publique. Si j’allaite, pourquoi je serais obligée de me priver de suivre un cours à l’Université si mon enfant dérange. Je vais sortir avec mon enfant, je vais aller… Mon conjoint, ma conjointe peut aller dans le corridor, puis garder l’enfant pendant que moi, je suis là. Il y a comme toute espèce de souplesse qu’on souhaite. Puis il y avait aussi l’idée d’obligation familiale. Nous aussi, on travaille beaucoup pour la reconnaissance de la proche aidance, en fait de voir la famille dans une sphère globale. Donc, c’est autant prendre soin de son enfant, une politique familiale pour nous, mais c’est aussi prendre soin de ses parents, prendre soin de son frère et de sa famille proche qui aurait des problématiques. Donc, il y a aussi beaucoup de proche aidance dans les parents aux études et l’on souhaite que ça soit reconnu comme une obligation familiale par les institutions d’enseignement et qu’on puisse avoir des accommodements à ce niveau.

Diane-Gabrielle Tremblay

Diana Gutierrez Ruiz. Vous êtes étudiante à l’Université de Sherbrooke. Vous êtes aussi à l’Union étudiante du Québec. Qu’est-ce que vous avez observé comme difficulté pour les parents étudiants?

Diana Gutierrez Ruiz

C’est ça. Aujourd’hui, je porte deux chapeaux : celle des parents aux études à l’Université de Sherbrooke, parce que je suis en train de finir mes études à l’Université de Sherbrooke, notamment au campus Longueuil. Et je suis aussi secrétaire générale de l’Union étudiante du Québec et je m’occupe des dossiers concernant la conciliation famille, travail, études. Et comme je vous ai dit, j’ai été chanceuse parce qu’à l’Université de Sherbrooke, c’est l’une des premières universités qui a déjà adopté une politique institutionnelle de conciliation famille, travail, études. Mais il y a certaines zones grises que je peux noter, par exemple, selon la politique. Les professeurs doivent restés organisés avec les parents ou les parents, le père ou la mère et qui ont des problèmes, une situation ou difficulté qui doit s’arranger avec la personne. Ça pose des problèmes parce et quand on y va au cas par cas, ça donne, ça donne, ça ne crée pas un précédent et donc ça peut permettre… Parfois, on a des difficultés à faire comprendre aux professeurs que nous avons besoin de temps, mais peut-être une extension pour eux pour remettre un travail ou faire un examen.

Après, donc, c’est une des choses que j’avais vue en tant qu’étudiante, mais sinon en tant qu’exécutante de l’Union des étudiants du Québec, nous avons créé un avis sur la conciliation famille, travail, études et dans cet avis, on met de l’avant la mise en place des garderies pour la petite enfance. On ne peut pas se prononcer sur quel type de garderie parce qu’il y a des salles de garderie pour ces horaires flexibles. C’est très pratique pour les parents aux études. Mais les CPE aussi sont aussi très sollicitées pour les parents aux études. Mais ce que nous, nous avons besoin, c’est d’avoir des places réservées pour les parents aux études parce que quand il y a un centre de CPE, une garderie à l’intérieur d’un établissement d’enseignement supérieur, c’est toujours réservé pour le personnel de l’Université ou de l’établissement. Et donc, nous avons besoin aussi de places pour les parents aux études. Ces places qui comptent, qui permettent d’avoir accès à tous les groupes de parents aux études, parce qu’on parle des mères monoparentales, des étudiantes internationales.

Par exemple, à l’Université de Sherbrooke, on a en grand nombre. On parle de 22 à 23 % de la population étudiante aux deuxième et troisième cycles, qui sont des étudiantes issues de la communauté internationale. Il y a à Québec aussi, si je vous lance ces données, les rapports de l’aide financière aux études entre 2018 et 2019, du fait que 26 % des bénéficiaires de l’aide financière aux études avaient déclaré avoir un enfant en charge, donc c’est énorme, mais ça augmente. Et là, dans ces groupes, on a les parents aux études issus de la communauté internationale. Aussi, des ramifications qu’on fait, c’est le tarif étudiant, parce que les populations étudiantes, c’est une des populations les plus précarisées et donc ou parfois, on a des problèmes à pouvoir combler tous nos besoins financiers, par exemple le loyer, à payer des articles de premier besoin, de la nourriture. On va parler de nourrir une famille entière. Ce n’est pas la même chose qu’un étudiant régulier. Donc, c’est une des choses qu’on me demande. Mais sinon aussi, je pense que je ne veux pas répéter les choses que les autres personnes ont déjà dites.

Mais je voudrais mettre l’emphase sur ces deux choses. Les places pour les parents aux études, des centres de la petite enfance, des salles de garderie à l’intérieur de son Université. En fait, c’est trois choses. Et le tarif étudiant.

Diane-Gabrielle Tremblay

Pierre-Étienne Beausoleil, vous, vous êtes au cégep de Sept-Îles. Qu’est-ce que vous avez observé en termes de besoins des parents étudiants et notamment de votre clientèle ou de vos étudiants particulièrement?

Pierre-Étienne Beausoleil

De notre côté, au niveau de l’enjeu conciliation famille études, c’est vraiment la réussite scolaire qui est au centre de tout ça. On voit trois grands, trois grands éléments qui qui ressortent, le premier élément étant les problèmes liés à l’absentéisme. Puis, on comprend parfaitement le pourquoi tout ça, tout ça arrive, on en parle. Et le nombre de places en CPE, la capacité ou la possibilité d’avoir une place en garderie, même en milieu familial. Il y a des places pour nous sur la Côte-Nord et notamment Sept-Îles qui ont été annoncées pour la création de nouvelles places. Mais il y a quand même des listes d’attente interminables. C’est très, très, très compliqué d’obtenir cette place-là et d’avoir une certaine sécurité à ce niveau-là. On en parlait et mise à part la COVID, avec laquelle on évolue actuellement, quand l’enfant est malade, par exemple, l’incapacité d’aller à ses cours, d’assister à ses cours et effectivement, le cas par cas par la suite, donc, tout dépendant s’il n’y a pas de mesures-cadres officielles pour l’ensemble de l’ensemble de l’établissement.

Ça devient effectivement un peu complexe pour l’étudiant de reprendre des travaux, reprendre des évaluations et tout ça, fermeture on le vit en ce moment avec les CPE, avec les grèves. Ou au niveau des garderies en milieu familial, il y a des fermetures pour maladie pour toutes sortes de choses. Donc ça amène toujours une pression de l’instabilité qui peut, après ça, amener de l’absentéisme chez l’étudiant. L’autre élément au niveau de l’implication dans les études, donc, ça peut devenir effectivement très complexe de s’impliquer dans les études adéquatement, la responsabilité des enfants, donc, courir pour les repas, les activités le soir. Donc, quand c’est le temps de faire les travaux d’équipe ou de mettre du temps pour pouvoir faire les travaux, la période de disponibilité est bien évidemment réduite. Donc, ça augmente la pression. Souvent, ce qu’on constate de notre côté, c’est que les étudiants vont une fois que les enfants vont se coucher le soir, par exemple, c’est là qu’ils vont tomber dans leurs études. Puis, on s’entend pour dire que c’est pas du tout un environnement favorable pour la réussite, alors qu’on est fatigué, qu’on a la journée dans le corps et tout ça et ça fait que ça amène toutes les complications au niveau de l’implication dans les études.

Puis, la pression au niveau de la capacité financière aussi à subvenir aux besoins de la famille. Ça, c’est indéniable, même si l’aide financière aux études vient offrir une aide aux parents, puis il y a des notions de réputé temps plein même si on est à temps partiel parce que la pression familiale est grande et tout ça. Il y a des enjeux là-dessus. Il y a une aide qui est apportée, mais ce n’est pas nécessairement assez pour vivre dans le confort, disons-le comme ça. Il y a toujours une obligation, souvent, de travailler à côté, pis ça rajoute des pressions pour soutenir financièrement la famille. Donc, ce sont les trois grands facteurs que nous, on constate chez nos étudiants et qui sont nommés de façon régulière.

Diane-Gabrielle Tremblay

Mélanie Côté, vous êtes à l’Université TÉLUQ. Dites-nous ce que vous percevez comme difficultés chez les étudiants.

Mélanie Côté

À la TÉLUQ, c’est un petit peu différent des universités en campus, bien entendu. L’enjeu principal, souvent, c’est la gestion du temps, avec tout ce que ça peut englober, comme le temps justement des enfants, quand ils sont malades qui faut rester… on ne travaille pas. Moi, je suis étudiante à temps partiel et j’ai une jeune fille à m’occuper. Je suis monoparentale, donc la gestion du temps, c’est vraiment très important et c’est pour ça que j’ai choisi l’Université TÉLUQ pour pouvoir étudier, quand je veux et où je le veux également. Donc, c’est vraiment très important pour moi de pouvoir le faire de cette façon. C’est plus facile de concilier le tout, donc quand l’enfant est malade, je peux reporter mes études une autre journée, alors je ne suis pas obligée d’être présente sur place à une heure fixe. Les cours à la TÉLUQ sont en mode asynchrone. Donc, si je veux le faire le soir, le matin et la nuit, la fin de semaine, il n’y a aucun problème dans ce sens-là.

Donc, la gestion du temps est un peu plus facilitée. Puis la gardienne d’enfants aussi. Quand il y a besoin, c’est plus, c’est plus facile quand on est parent enfant parent étudiant. Et si on travaille en plus à temps plein.

Diane-Gabrielle Tremblay

Monsieur Giguère, j’aimerais que vous commenciez par m’expliquer un peu quelles difficultés, quelles difficultés vous avez observées en matière de conciliation famille, travail, études chez les parents étudiants.

Étienne Giguère

Ce qu’on observe actuellement dans les dernières années, c’est évidemment un constat qui est un peu différent quoiqu’il y ait des similarités avec les années 90 et début 2000. Mais c’est la conjugaison finalement d’un horaire assez complexe de travail, d’études, de vie conjugale et familiale, même vie sociale. Donc, c’est ça qui s’est intensifié et qui devient quand même quelque chose de difficile. Et puis, en parallèle, il y a également les enjeux financiers d’avoir finalement suffisamment de sous pour subvenir à nos besoins. On n’est pas sans savoir que les denrées alimentaires ont largement augmenté dans les dernières années. Puis, évidemment, que les différentes formes de financement auxquelles les étudiants ont accès n’ont pas suivi au niveau de l’indexation. Je pense, entre autres, à l’aide financière aux études, qui suffit rarement à combler les besoins, même si, en parallèle, le parent va recevoir aussi des allocations familiales, souvent un soutien, soit du conjoint, de la conjointe ou de l’ex-conjoint ou de l’ex-conjointe avec une pension alimentaire. Tout cet amalgame, des fois, est insuffisant, malheureusement pour réussir à subvenir aux besoins de la maison.

Diane-Gabrielle Tremblay

Luc Sauvé, vous vous êtes à l’Université de Sherbrooke. Qu’est-ce que vous observez de votre côté?

Luc Sauvé

De notre côté, c’est clair que l’enjeu des garderies surtout le modèle traditionnel des CPE est un enjeu qui, à la base, n’est pas compatible avec la situation des parents aux études, comme les CPE traditionnels. Donc, un horaire qui est de 7 h 30 ou de 8 h jusqu’à, et à Sherbrooke, jusqu’à souvent seulement 17 h 30. Il y a même des CPE qui ont des horaires qui finissent à 17 h. Ça rame beaucoup. Ça rend ça très difficile parce que ce n’est pas vrai que les étudiants, qui sont parents, ont les conditions ou la flexibilité de pouvoir agencer leurs horaires, leur fonctionnement pour pouvoir être disponibles, ne pas avoir d’activité en dehors de ces heures-là. Et le deuxième niveau, quand on parle des CPE, on arrive aux haltes-garderies parce que les CPE, donc il faut être inscrit, il faut réussir à avoir une place. C’est un enjeu qui est universel au Québec. Mais au-delà de ça, les besoins des étudiants : t’as des cours, si tu réussis à avoir une place dans un CPE, tes enfants peuvent y aller, mais c’est clair que t’as toujours des impondérables qui sont les travaux d’équipe, qui sont les séances d’études où tu as besoin d’avoir du temps supplémentaire qui ne rentre plus dans la plage horaire prévue.

Donc, et là, il n’y a pas de lieu, il n’y a pas de… Les conditions pour avoir des haltes garderies sont beaucoup plus lourdes. C’est déjà très lourd d’avoir un CPE, d’avoir une halte-garderie, d’avoir les ressources et de réussir à fonctionner au niveau financier. Parce que oui, ça pourrait toujours se mettre en place. Mais à quel coût pour les usagers? Et si on ne veut pas que les étudiants supportent ce coût-là parce qu’ils n’ont pas nécessairement les moyens, parce qu’ils vont se mettre à travailler et donc hypothéquer aussi leurs études; ils vont se rajouter des heures pour ça. On est dans un cercle vicieux à ce niveau-là. Il y a quand même vraiment quelque chose, où est-ce que si on veut encourager les parents à poursuivre des études, il faut qu’on leur donne ces conditions de base-là, qui fait que le parent quand il est dans ses études, autant dans des cours formels que dans tout ce qui entoure les études, c’est-à-dire des travaux individuels, travaux d’équipe, des laboratoires, etc., doit avoir, doit pouvoir savoir s’il y a un réseau, il y a quelque chose autour de lui ou d’elle qui répond à ces besoins-là.

Il y a de plus de préoccupations de ce côté-là parce qu’on ajoute aussi (je parlais du coût des haltes garderies), là, on arrive aussi dans un autre volet qui est le volet financier. Parce qu’effectivement, là oui, l’aide financière est différente. Mais ce n’est pas l’aide financière qui va permettre nécessairement d’être capable de suivre le rythme que ça représente, donc pour les parents, ça augmente le niveau de responsabilité. Et là, on arrive avec, quand on parle de stress qui est relié au fait de trouver un milieu où on peut faire garder notre enfant, un milieu où est-ce qu’on peut avoir des horaires atypiques, où est-ce qu’on peut avoir un endroit où on peut laisser notre enfant en sécurité. Pour le parent, et nous autres, on sortait ça beaucoup : c’est que l’étudiant ou l’étudiante est parent en premier et étudiant en deuxième. Sa préoccupation, c’est son enfant. Les cours vont être tassés si je ne suis pas capable d’être sûr que mon enfant est en sécurité, qu’il est dans un milieu qui est très sécuritaire, qui correspond bien aux valeurs qu’on a aussi. Donc, une bonne prise en charge.

Donc, on augmente le niveau de stress. On sait qu’il y a un impact financier aussi, on augmente un deuxième niveau de stress. C’est tout ce stress-là vient aussi affecter la qualité ou la disponibilité aux études parce que je n’ai pas beaucoup de temps pour m’oxygéner, me consacrer à autre chose. Et donc, j’ai besoin de ça. Donc, le niveau de stress et d’anxiété est un autre facteur qui vient jouer. Et finalement, oui, effectivement, les étudiants parents vont avoir des absences, ont un plus haut taux d’absentéisme qui est relié souvent pas à eux, mais à leurs enfants. Et on le sait, dans les CPE, l’enfant dès qu’il a des symptômes, même avant la pandémie, je ne ne reparlerai pas de pandémie, même avant la pandémie, l’enfant était retourné chez ses parents. Cet enjeu-là, quand tu es aux études, t’as aucun contrôle, t’es vraiment démuni. Comme étudiant, qui n’est pas parent, tu peux dire : je mouche un peu, je vais me présenter, mais quand c’est ton CPE qui t’appelle, et que tu es dans ton cours, tu dois partir.

T’as pas le temps, t’as pas de marge de manœuvre, il faut que tu réagisses. Là, la situation monoparentale vient accentuer ça, mais même pour des couples, la situation est quand même très présente. Et ça, chez nous autres, on avait aussi une préoccupation de ne pas exiger des parents d’avoir des billets médicaux pour justifier auprès de leurs enseignants qu’ils ont dû s’absenter. On a aussi un système de santé qui est engorgé. Donc, on n’ira pas rajouter, il n’y a pas de médecins qui vont faire de billet médical pour dire : cet enfant-là avait une gastro ou… Non, c’est comme il faut qu’on soit aussi accommodant comme institution pour donner la place et comme quand on a fait de la politique, ça a été un des éléments importants pour nous autres. Les parents, qui étaient assis avec nous autres, ont très rapidement fait comprendre aux gens de l’institution : « Regardez, il n’y a aucun parent qui va s’amuser et qui va essayer de jouer le système pour dire : « ah, je vais m’accorder un peu de temps de lousse », non, ce n’est pas vrai parce que pour le parent, si son enfant malade, il n’inventera pas une maladie à son enfant pour ne pas aller faire un examen parce que, de toute façon, c’est juste reporté à plus tard cette exigence-là. Donc, les parents ne jouent pas avec le système, mais ils ne veulent pas avoir des conditions privilégiées pour se mettre, se créer une zone de confort. C’est beaucoup plus parce qu’ils ont des préoccupations et des responsabilités qui les contraignent. Donc, il faut avoir cette ouverture-là.

Diane-Gabrielle Tremblay

Comme nous l’avons vu, les difficultés de conciliation des parents étudiants ont souvent trait aux difficultés pour la garde des enfants. Il y a souvent aussi un manque de temps pour la famille ou les études, des difficultés à arriver à tout faire, surtout si l’on ne trouve pas de mesures de soutien dans son établissement d’enseignement ou son milieu de travail. Du côté de la famille, le conjoint et les membres de la famille peuvent aider. Du côté de l’employeur, le soutien du supérieur immédiat et des collègues ainsi que l’offre de mesures d’aménagement du temps de travail ou de télétravail peuvent aider les parents étudiants, qui sont aussi des travailleurs. Dans notre deuxième balado d’une série de trois, nous nous intéresserons à ces mesures ou initiatives offertes par les établissements d’enseignement supérieur au Québec.

Balado 2

Les mesures facilitant la CFTE dans les établissements d’enseignement

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Diane-Gabrielle Tremblay

Dans notre premier balado, nous avons traité des principaux enjeux de la conciliation famille, travail, études. Nous abordons maintenant les mesures mises en place pour tenter d’aider les parents étudiants à concilier leurs diverses activités, soit principalement la parentalité et les études, mais parfois aussi le fait d’être proches aidants ou encore d’avoir un emploi, en plus des études et de la famille. Comme nous l’avons entendu dans le premier balado, les difficultés de conciliation se traduisent essentiellement par des difficultés du côté des services de garde, par un manque de temps pour la famille ou les études, par de la difficulté à arriver à tout faire, surtout si l’on ne trouve pas de mesure de soutien dans son établissement d’enseignement. Du côté de la vie familiale, ce sont surtout le conjoint et les membres de la famille et parfois les amis qui peuvent aider. Du côté de l’employeur, les recherches ont montré que le soutien du supérieur immédiat et des collègues peut aider. Tout comme l’offre de mesures d’aménagement du temps de travail ou le télétravail peuvent aider les parents étudiants, qui sont aussi des travailleurs.

Mais que peuvent faire ou que font les établissements d’enseignement supérieur? Voilà le sujet de ce deuxième balado de notre série de trois. Nous avons effectué une recherche auprès des établissements d’enseignement supérieur du Québec, soit les collèges et les universités. Nous avons aussi réalisé des entrevues et une table ronde avec quelques établissements et associations de parents étudiants pour obtenir leur point de vue sur l’offre de mesures visant à aider les parents étudiants à articuler les responsabilités parentales, les études et parfois aussi un emploi. Voici donc ce que les établissements d’enseignement peuvent offrir aux parents étudiants. Je vais peut-être commencer avec vous. Pierre-Étienne Beausoleil, je sais qu’il y a des éléments particuliers que vous commencez à développer, notamment parce que vous avez des étudiants qui sont des Premières Nations, qui ont possiblement des besoins particuliers.

Pierre-Étienne Beausoleil

Oui absolument, on regardait, on se penchait sur la réussite des étudiants des Premières Nations et on faisait un peu le portrait de qui était cette population étudiante-là qu’on a chez nous. Pour vous mettre un petit peu en perspective, on a à peu près une centaine d’étudiants des Premières Nations qui étudient au Cégep de Sept-Îles actuellement. Sur ces 100 étudiants-là, il y en a environ 75 qui sont des femmes. Puis, il y a une majorité de ces femmes qui sont des étudiants parents. C’est souvent des retours aux études, elles ont souvent plus d’un enfant aussi. Donc, on le voyait constamment : les difficultés de déplacement, difficultés au niveau des enfants malades et places en CPE étaient des gros facteurs qui se présentaient souvent et qui les amenaient à décrocher tranquillement pas vite, parce que c’était complexe, c’était lourd, c’était difficile. Donc nous, à la Société immobilière du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec, on a développé des projets, en train de développer des projets, puis on installe… on va être le premier milieu de vie autochtone, qui est en construction actuellement sur nos terrains avec, en collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur, et plusieurs partenaires à plusieurs autres partenaires aussi. 

On parle de l’arrivée de 32 unités de logements réparties dans cinq bâtiments différents, avec un espace de vie commun dans lequel il va y avoir un CPE, des espaces culturellement sécurisants, pour eux, des cuisines collectives, des espaces de développement pour les jeunes et tout ça. Il va y avoir une cuisine collective, des bureaux d’intervention, des espaces pour faire des travaux d’équipe. Donc, ce projet-là devrait être livré, devrait recevoir ses premiers occupants à l’automne 2022, l’automne qui s’en vient. Puis, on le sait, c’est juste par rapport à l’intérêt qui est porté par rapport à ce projet-là. On a beaucoup de gens qui ont déjà commencé à faire des demandes pour pouvoir y avoir une place à cause de la vision globale et l’inclusion des enfants dans le mode de vie étudiant pour ces femmes, ces hommes aussi qui peuvent être soit en couple ou monoparental, mais qui qui vivent avec une pression au niveau de concilier les études, la famille et tout ça qui les a amenait auparavant parce qu’ils avaient des difficultés à trouver des logements aussi en ville à Sept-Îles, qui les amenait souvent à décrocher ou à tranquillement être obligés de mettre leurs énergies ailleurs qu’à se concentrer sur les études.

Donc, on mise beaucoup sur ce projet. On est certains qu’il devrait avoir un impact positif dans la communauté, surtout dans la persévérance aux études et dans la réussite scolaire de ces étudiantes ou étudiants-là.

Diane-Gabrielle Tremblay

Géraldine Garceau-Pellerin, vous êtes du Comité des parents étudiants de l’UQAM. Pouvez-vous nous parler des difficultés que vous avez observées chez les parents étudiants.

Géraldine Garceau-Pellerin

Les services de garde, je pense sont un problème commun à la majorité des parents aux études. C’est que la majorité des services de garde sont ouverts de 7 h à 18 h, du lundi au vendredi. Par exemple, à l’UQAM, les cours d’après-midi se terminent à 5 h, donc c’est souvent… nos services de garde sont dans nos quartiers, donc après ça, le temps de déplacement, le temps d’aller chercher nos enfants. Le stress est effectivement un facteur très, très présent dans tout ce qui tourne autour des services de garde. Donc, nous, à l’UQAM, on a créé avec le comité de soutien aux parents étudiants pour lequel je travaille, on a créé en 2011 le CPE Tortue têtue, un CPE qui offrait des horaires atypiques pour les parents étudiants. Donc, il y avait une offre de soirs et de fins de semaine qui permettait aux parents d’avoir accès à un service de garde pour ses plages horaires, notamment pour les cours qui sont de soir.

Pour les parents qui travaillent le jour et qui font la formation le soir et/ou les fins de semaine, il y a des programmes aussi de formation continue. Ça, c’est un problème. Effectivement, nous, on voit l’optique d’un projet de halte-garderie qui se développerait dans les universités, les cégeps, sur les campus, en fait, même et en formation professionnelle, comme une option intéressante, en fait, pour décloisonner les obligations liées aux centres de la petite enfance ou aux garderies subventionnées. C’est sûr que ça demande de l’argent, mais le problème de financement est un gros gros problème pour pour la majorité des associations de parents étudiants. Nous, au comité, on ne fait pas exception à la règle et on est une des associations de parents étudiants qui a le plus gros budget. On est très chanceux parce qu’on a réussi à avoir un financement de groupe d’envergure en étant un groupe d’envergure. On est financé en fait sur la facture de frais de scolarité de chaque étudiant. Il y a 3 dollars qui est prélevé sur chaque facture, donc, ça, ça nous aide!

Diane-Gabrielle Tremblay

Gracias Kedote, quelle serait la principale mesure ou les éléments, quelques petits éléments-là qui vous aideraient vraiment?

Gracias Kedote

Déjà qu’on puisse, au moins quand on a des obligations familiales, que ça puisse être un élément valide, en fait, pour pouvoir avoir des accommodations, pouvoir, par exemple, absenter un examen, pouvoir le reprendre, c’est très important. Je le sais, par exemple, au niveau de Polytechnique, on a une garderie en CPE qui est disponible pour les étudiants et les employés, mais la majorité des places sont prises par les employés et il n’y a vraiment pas de place [disponible]. Après tous, c’est quand même une difficulté générale, actuellement, aussi au Canada, au Québec, et tout. Mais il n’y a pas de places disponibles. On est obligé d’aller chercher, peut-être des milieux familiaux. Donc, ce serait quand même bien et on a un conflit. Je n’ai peut-être pas soulevé ce point précédemment, mais il y a aussi un conflit d’horaire parce que mettons que j’ai un cours jusqu’à 18 h, je dois aller chercher mon enfant à 16 h à la garderie.

Je me retrouve forcément à rater des cours à des moments. C’est toujours pénalisant aussi. Donc, si on pouvait avoir une garderie ou un CPE qui nous permettrait en fait d’étendre un peu l’heure de garderie, en fait, de nos enfants, ce serait vraiment formidable. Donc, ces deux points-là sont vraiment très importants pour moi. Et en termes de maternité aussi, pouvoir faire aussi des cours à distance, si possible. Là aussi, c’est très intéressant. Comme mesure dont on pourrait bénéficier.

Diane-Gabrielle Tremblay

Diana Gutierrez Ruiz à l’Union étudiante du Québec, qu’est-ce que vous avez observé comme étant les meilleures mesures ou les meilleures pratiques pour soutenir les parents étudiants?

Diana Gutierrez Ruiz

L’État de l’adoption des politiques institutionnelles en matière de conciliation famille travail études est un bon exemple. Par contre, on a seulement jusqu’à présent quatre universités qui ont adopté des politiques et, en même temps, il y a un programme du ministère de la Famille qui offre un soutien financier pour les universités, les établissements d’enseignement supérieur qui veulent adopter une politique institutionnelle de conciliation famille travail études ou mettent à jour sa politique si elle existe déjà. Ça, c’est une bonne mesure. Mais par contre, ça serait intéressant qu’il y ait plus d’encadrement. Tantôt, comme on a parlé des mesures plus cadres qui viennent de la part du ministère de la Famille, le ministère de l’Enseignement supérieur qui peut donner des directives claires pour les universités parce qu’on voit aussi que toutes les politiques sont un peu différentes et la réalité des étudiants, ça peut être similaire. Il y a certaines particularités, mais. Mais voilà. Et dans ces mesures-cadres, par exemple, on peut parler de l’établissement, de mettre en place des centres pour la petite enfance ou des salles de garderie, ou d’autres types de mesures qui pourraient être plus intéressantes pour les parents aux études.

D’autres mesures qu’on a vues, c’est les bourses pour les parents aux études. La population des parents aux études, c’est un des plus précarisés et plus à cause de la COVID. Et ces bourses, ça peut, ça peut aider beaucoup à ces groupes d’étudiantes. Voilà, c’est les plus intéressantes. Non, il y a. Je pense que ces deux-là, ça peut, ça peut être des bons exemples.

Diane-Gabrielle Tremblay

Luc Sauvé, est-ce qu’il y a des choses particulières que vous avez mises en place à l’Université de Sherbrooke?

Luc Sauvé

La première chose, c’est un registre qui permet aux étudiants parents de s’inscrire. Et donc, à ce moment-là, il n’y a pas d’étapes ultérieures où l’étudiant doit convaincre quelqu’un qu’il a effectivement des responsabilités parentales. Je pense que c’est un premier élément et ça, ça nous a permis aussi de pouvoir rejoindre les étudiants parents parce que l’un des enjeux qu’on a, c’est d’être capable de les rejoindre, de pouvoir créer des activités ou de l’information autour d’eux, autour de leurs droits, autour de ce qui… Des fois même, c’est quoi les éléments de soutien qui peuvent s’offrir à eux autres. Donc ça, c’est la première action qui a été fait. Notre politique est encore assez jeune. On a travaillé avec les facultés pour augmenter la sensibilisation à la fois des directions facultaires, des directions de programmes et, ultimement les enseignants, sur la flexibilité et leur donner des pistes de qu’est-ce qui peut se faire simplement parce que l’enseignant qui, la première fois, se fait interpeller par un étudiant, il est un peu comme dépassé par ça. Ça fait qu’on a essayé de fournir des guides, de créer des échanges entre les facultés pour faire en sorte que les enseignants aient déjà des idées de solutions, voient des avenues. Si on pense qu’un bon nombre, surtout au 1er cycle, d’enseignants sont des chargés de cours, souvent, ils ne voient pas l’alternative à la formule traditionnelle. Donc, il faut les aider à savoir où aller, à qui se référer pour être capable de faire avancer des choses.

Diane-Gabrielle Tremblay

Mélanie, est-ce que vous voulez compléter sur l’Université TÉLUQ? Est-ce qu’il y a des mesures particulières pour la flexibilité pour les étudiants qui ont été mises en place?

Mélanie Côté

Oui, certainement à la TÉLUQ, dans le fond, ce qui est possible de faire côté flexibilité, comme je le disais tantôt, c’est, entre autres, que les cours sont en ligne, en mode asynchrone. Donc, on peut les faire quand on veut et quand on est disponible. Ce qui est bien aussi, c’est que pour la remise des travaux notés qu’on a dans les cours, il y a un guide qui nous est fourni avec des dates de remise suggérées. Donc, ce n’est pas obligatoire de remettre nos travaux aux dates qui sont indiquées dans notre calendrier. On peut les remettre une semaine, deux semaines plus tard. L’important, c’est juste d’aviser notre personne qui est, qui est consacrée à notre encadrement. Donc, c’est un des points qui est intéressant côté flexibilité. Il y a également la possibilité, quand il y a un examen à la fin d’un cours ou même à la mi-parcours, de reporter notre date d’examen, même la devancer ou la mettre plus loin si on a un imprévu qui arrive et qu’on ne se sent pas prêt à aller faire notre examen.

C’est possible de repousser; il y a d’autres dates qui sont disponibles. Maintenant, les examens sont en ligne aussi. Donc, pas besoin de se déplacer. On ne perd pas de temps, mais c’est plus facile à planifier à ce moment-là pour les examens. Et si jamais il arrivait vraiment quelque chose de gros, comme par exemple pendant la pandémie  ̶  on n’aime pas en jaser  ̶ , mais il y a possibilité de reporter une date de fin de cours moyennant quelques frais. Donc, la durée d’un cours est de 15 semaines, en général, un cours de trois crédits de premier cycle, et on peut payer des frais et notre cours est reporté de quatre mois plus tard. J’ai encore quatre mois pour terminer mon cours, ce qui fait que le stress sur les épaules descend et ça nous permet de pouvoir continuer à se motiver, à persévérer pour aller jusqu’au bout de nos études. Donc, c’est pas mal la flexibilité que la TÉLUQ peut offrir aux étudiants.

Diane-Gabrielle Tremblay

Géraldine Garceau-Pellerin, pour compléter, est-ce qu’il y a des éléments qui vous paraissent majeurs dans les mesures offertes dans les cégeps ou universités au Québec?

Géraldine Garceau-Pellerin

On n’a pas parlé des stages, mais les stages sont aussi un enjeu. Donc, je trouvais intéressant ce que Luc Sauvé et vous disiez plus tôt par rapport aux mesures-cadres, puis à sortir du cas par cas, etc.

Diane-Gabrielle Tremblay

Monsieur Giguère, quelles sont les mesures que vous avez mises en place face à ça?

Étienne Giguère

Une mesure qu’on a mise en place qui est là depuis très, très longtemps, mais depuis les débuts du programme Parents-études au Cégep Limoilou, c’est la mesure de gardiennage à domicile. C’est une mesure qui répond beaucoup à un besoin de concilier l’horaire. Donc, on vient offrir, en fait, la présence d’une gardienne à la maison, selon les besoins, évidemment, du parent. C’est quelqu’un, c’est souvent une étudiante ici au cégep, qui donne des disponibilités. On va rémunérer cette gardienne qui va aller garder finalement le ou les enfants au domicile, ce qui est très apprécié. Ce qu’on encourage aussi, c’est quand le gardiennage est de façon régulière, par exemple à toutes les semaines, quelques heures, un soir par semaine ou le week-end. Ça permet aux parents de savoir dans sa planification qu’il a un temps réservé pour ses études ou pour vaquer aussi à d’autres occupations, parce qu’on est conscient qu’un parent peut aussi avoir des besoins de loisirs, de sortir avec des amis. Donc, pour nous autres, le gardiennage peut aussi servir pour ses besoins-là. Donc, je dirais que c’est la mesure phare qui sert énormément dans notre service.

On a aussi, évidemment, l’accompagnement de notre équipe. Moi, je suis là comme technicien en travail social, mais on a la chance d’être trois techniciens en travail social sur les deux campus. Donc, évidemment, on a d’autres mandats, mais comme on est là à temps plein, les trois, on peut accompagner ces étudiants parents qui ont des besoins des fois de gestion budgétaire, de gestion du temps dans leur rôle de parent aussi, des fois qu’ils ont des questionnements et qu’ils ont besoin d’être référés ou d’être écoutés. Donc, on est présents, on peut rapidement les accompagner, les encadrer selon les besoins. Je dirais qu’une autre mesure qui est en place aussi depuis assez longtemps, c’est du dépannage matériel, financier et alimentaire. Donc, on a en surcroît de ce que j’ai nommé tantôt des sources de revenus régulières des étudiants qui peuvent être des prêts et bourses du gouvernement. Au Cégep Limoilou, par le soutien de notre fondation, on a également du dépannage qui peut se faire sous différentes formes. Mais on a un soutien de la Fondation pour pouvoir aider ses étudiants-là. Donc, concrètement, une maman qui aurait des difficultés financières à combler son budget pour l’épicerie, on fait évidemment une évaluation de la situation, on vérifie la gestion budgétaire, on vérifie les ressources auxquelles elle a déjà accès si on peut la référer vers des banques alimentaires en parallèle, on le fait aussi si l’horaire le permet. Évidemment, il y a un enjeu de disponibilité pour les banques alimentaires, en fait, pour l’étudiant de se rendre à la banque alimentaire. Donc, on va dans certaines occasions, ce ne sera pas de façon temporaire parce qu’il est arrivée une situation particulière où l’étudiant ou l’étudiante a de la difficulté à payer des dépenses : on va l’aider à payer certaines dépenses ou encore, on va lui offrir des cartes chez une épicerie ou encore, on va même carrément lui donner de la nourriture parce qu’on a des congélateurs avec des mets cuisinés. Donc, tout dépendamment de la situation, on peut le faire et des fois, on va le faire de façon régulière quand on constate qu’il y a une source insuffisante d’entrée d’argent pour le parent. Finalement, il ne peut pas faire plus, il ne peut pas aller ajouter des heures de travail. On peut l’aider, on va le faire aussi dans ce sens-là. Puis, je dirais que la dernière chose, c’est qu’on fait des activités familiales avec les parents.

Donc, on va leur offrir, souvent la formule qui marche bien, c’est un souper un vendredi soir, on les invite avec les conjoints, conjointes, avec les enfants aussi, et on va souper ensemble, les enfants vont aller jouer au gymnase avec des gardiennes et on va offrir un contenu, un petit atelier d’environ une heure aux parents. Ça va leur permettre soit d’aborder la gestion du temps, soit d’aborder comment on organise un peu la maisonnée. Il y en a des fois qui vont vouloir qu’on fasse des ateliers plus sur comment gérer la discipline à la maison quand on n’a pas beaucoup de temps, quand on est fatigué. Tout dépendamment de ce qui va nous être apporté par les parents, on va monter des ateliers avec des ressources, soit avec des membres de notre équipe ou encore des gens de l’externe qui sont plus spécialisés que nous pour les outils.

Diane-Gabrielle Tremblay

Est-ce qu’il y a des choses qui concernent les échéances pour les travaux, les examens? Est-ce qu’il y a une flexibilité de ce côté-là? Est-ce qu’il y a des choses?

Étienne Giguère

Effectivement, c’est vrai que ça, c’est une mesure aussi qui fait partie de notre éventail de mesures offert. C’est certain qu’il faut considérer évidemment la réalité du programme d’études dans lequel l’étudiant ou l’étudiante parent étudie. Certains programmes techniques qui sont un peu plus denses, je dirais, ou certaines formations continues, ce qu’on appelle les AEC, ont des horaires des fois très soutenus, avec seulement des fois, un groupe ou deux groupes. Puis c’est très difficile à ce moment-là de pouvoir faire preuve de flexibilité à l’égard des besoins des étudiants. Mais dans la mesure du possible, on a une équipe au cheminement scolaire qui est très ouverte en ce sens-là. Donc, dès qu’un étudiant va être identifié comme étudiant parent, on va porter une attention à ce niveau-là et on va tenter de lui offrir des accommodements. Donc, on valide : est-ce qu’il y a des enjeux en lien avec l’horaire de garderie ou la distance à parcourir parce qu’il faut peut-être aller porter les enfants à l’école? Donc, les aides pédagogiques individuels, entre autres, vont tenter de faire des pieds et des mains pour peut-être que les cours qui se donnent un peu plus régulièrement, comme des cours de littérature ou d’éducation physique où il y a plusieurs groupes, à ce moment-là, ils vont tenter de les placer dans des groupes, où c’est plus accommodant pour l’horaire, donc effectivement. Et même dans certains programmes pour les stages aussi, ils vont être attentifs à cette réalité-là pour tenter de les placer dans des horaires de stage qui leur conviennent quand il y a un peu mieux. Ça me permet, c’est vrai, de nommer un autre élément que je n’ai pas mentionné : on identifie, en fait, nos étudiants dans les dossiers scolaires avec un code qui s’appelle le code P pour parent. L’étudiant doit nous le signaler à son entrée, il y a un petit formulaire à compléter, une rencontre avec un membre de l’équipe chez nous. Puis on vérifie évidemment qu’il est vraiment parent, on a certains critères comme les certificats de naissance des enfants et tout ça. Une fois que c’est fait, on va faire ajouter ce code-là. Ce que ça donne, en fait, c’est que toutes les listes de présence en classe auxquelles… L’étudiant, dès qu’il est sur une liste de classes, il va avoir un « P » sous son nom. Donc, l’enseignant va savoir que cet étudiant est parent, mais il n’en sait pas plus.

C’est certain qu’il n’est pas obligé d’être plus accommodant, mais je dirais que ça rend les enseignants beaucoup plus souples à l’égard des fois de certains besoins qu’un étudiant pourrait avoir, par exemple un petit retard ou une absence parce qu’un enfant est malade et tout ça. Donc, c’est une mesure qui est volontaire du côté des enseignants. Mais l’expérience nous démontre depuis une dizaine d’années qu’ils sont en général très, très flexibles et très ouverts à soutenir les étudiants, à faire preuve de flexibilité quand c’est nécessaire.

Diane-Gabrielle Tremblay

Géraldine Garceau-Pellerin, qu’est-ce que vous observez de votre côté?

Géraldine Garceau-Pellerin

Par exemple, on a ciblé le programme en éducation préscolaire primaire, là où il y a beaucoup, beaucoup de parents, de femmes, de mères étudiantes qui sont dans ce programme. Le programme, qui était très intensif et qui est à temps plein, dans lequel il y a des stages et qui pose vraiment problème. Donc, après ça, c’est de cibler les programmes, de voir comment on peut les déconstruire. Par exemple, il y a une ouverture, de la part de professeurs de ce département-là pour voir comment est-ce qu’on pourrait offrir un cursus à temps partiel pour ce programme-là, par exemple. Ça, c’est une sorte d’accommodement qui qui est envisagé dans une optique plus structurelle. Parce qu’effectivement, quand, comme Diana disait, il y a l’adoption de mesures-cadres, là on rentre dans quelque chose. Il y a le statut aussi de parent étudiant. On rentre dans quelque chose qui est systémique et qui est systématique, qui sort du cas par cas. C’est sûr que c’est super important. Et puis, le statut de parent étudiant, comme disait Luc aussi, monsieur Sauvé, c’est important de l’avoir parce que ça nous permet de recenser les parents aux études, de recenser le nombre de parents aux études, de la durée de leurs études, de savoir combien ils sont.

C’est quoi leur situation et tout ça. C’est sûr qu’après ça, les mesures de logement, je trouvais intéressant vraiment ce projet-là à Sept-Îles. Ça me donne le goût d’aller faire un tour pour voir ce programme-là. Je trouve ça super intéressant parce que le logement en campus, effectivement, avoir accès à un logement et à moindre coût, et puis, où est ce que ça devient un milieu de vie. Donc, on décide d’aller faire un programme d’études qui dure trois ans, mais on est avec des… il y a cette solidarité aussi qu’on retrouve, qui permet aux gens de diplômer aussi, qui permet une entraide et qui permet toutes sortes de choses. Nous autres au CSPE (Comité de soutien aux parents étudiants), on a aussi tout un volet de soutien direct qui est lié à l’aide alimentaire. Donc, on distribue des paniers de légumes à moindre coût qui sont livrés à la maison, chez les parents étudiants. Donc, le CSPE couvre une partie des frais. Il y a aussi, on a un partenariat avec Cafétéria UQAM, un service alimentaire qui nous donne les invendus de la cafétéria. On a tout un réseau de gens qui vont chercher de la nourriture, tout ça, vraiment super aidant, la friperie et agir finalement sur les besoins de base, puis voir comment est-ce qu’on peut aussi faire un lien avec la communauté.

Diane-Gabrielle Tremblay

Pour conclure, il faut retenir que les services de garde et d’autres services sont parmi les plus fréquents dans les collèges et universités. On offre parfois la reconnaissance d’un statut de parent étudiant, qui permet d’avoir accès à certains services ou permet aux enseignants d’offrir des mesures d’aménagement, bien que cela se fasse généralement au cas par cas. On offre aussi parfois une aide alimentaire ou d’autres services du genre. Par contre, si certains établissements sont assez actifs dans la reconnaissance des situations de parent étudiant, il reste encore beaucoup à faire dans d’autres établissements et c’est pour cette raison que nous avons réalisé cette recherche et un rapport sur le sujet, ce rapport étant disponible sur le site de l’Université TÉLUQ notamment, mais aussi sur celui du ministère de l’Enseignement supérieur.

Balado 3

Quels leviers utiliser pour améliorer la CFTE dans les établissements d’enseignement?

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Diane-Gabrielle Tremblay

Dans nos deux premiers balados, nous avons traité des principaux enjeux de la conciliation famille, travail, études et des mesures que les établissements d’enseignement peuvent mettre en place pour aider les parents étudiants. Nous concluons cette série de trois balados sur la conciliation famille, travail, études par une table ronde réunissant divers acteurs intéressés par cette question. Donc, que peuvent faire ou que font les établissements d’enseignement supérieur? Quelles sont les mesures les plus importantes pour les parents étudiants? Est-ce suffisant? Que peut-on améliorer dans l’avenir? Et quels sont les leviers pour inciter les établissements à mettre en place des mesures? Voilà le sujet de ce dernier balado de notre série de trois. Qu’est-ce qui convainc un établissement d’enseignement de mettre en place des mesures pour soutenir les parents étudiants? Luc Sauvé, peut-être pour commencer avec l’Université de Sherbrooke ou de manière générale, qu’est-ce que vous pensez si vous aviez à convaincre les autres établissements de faire des choses, au fond, qu’est-ce qui vous semble l’argument pour le faire?

Luc Sauvé

C’est clair que ce qui nous amené vers là, c’est vraiment le mouvement étudiant qui nous a amené les préoccupations des parents aux études. Et cette sensibilité-là de vouloir avoir un milieu d’étude humain où on essaie de répondre aux besoins des étudiants nous a amenés à réagir assez rapidement à ce niveau-là. Qu’est-ce qui a? J’ai eu un échange ce matin avec les directeurs des services aux étudiants des autres universités et je soulignais aussi que l’un des aspects, c’est de comprendre que l’échange avec les étudiants qui sont parents nous ont aidés aussi à voir ça, j’en parlais un peu plus tôt, de comprendre que ce n’est pas, qu’ils ne veulent pas se négocier des tapis rouges et des conditions. Ils veulent juste s’assurer d’avoir des bonnes conditions pour réussir leurs études et qu’il y ait un soutien, un support pour pouvoir passer à travers. Donc, il n’y a pas un abus. Ce n’est pas des gens qui veulent profiter du système et ça, quand les étudiants nous partagent ça, nous aide à voir ça, ça aide à démystifier des choses parce que des gros enjeux qu’on a dans les institutions, c’est au niveau de la direction.

On peut y croire, on peut appuyer, mais il faut faire descendre ça jusqu’à l’enseignant et rendu là, c’est là qu’on rencontre des enjeux plus significatifs parce qu’on parle de changement. On demande aux enseignants d’adapter, de faire un effort supplémentaire pour s’adapter aux étudiants en situation de handicap, aux parents aux études, à d’autres problématiques qu’on peut rencontrer. Quand on parle d’intégration, quand on parle, donc on veut, on veut avoir un milieu qui est accueillant, qui est ouvert. Mais ça veut dire qu’il faut aussi que tout le monde mette un peu l’épaule à la roue et soit prêt à innover, à regarder les choses dans un angle différent. Ces discours qu’on veut tenir de toute l’aspect d’inclusion et les parents font partie des gens qu’il faut inclure dans nos institutions et non pas qu’ils soient, qu’ils doivent toujours se contorsionner pour réussir à rentrer dans le modèle de l’institution.

Diane-Gabrielle Tremblay

Pierre-Étienne Beausoleil à Sept-Îles, et puis, de manière générale, au niveau des cégeps, qu’est-ce que vous pensez qui les convainc d’agir pour les parents étudiants?

Pierre-Étienne Beausoleil

Et nous, l’angle vers lequel on va faire l’approche, ça va être vraiment au niveau de la réussite, de la réussite éducative des étudiants. On commence, ça commence par l’investigation, investiguer sur la réussite, sur la persévérance. Et quels sont les freins à cette réussite-là? Et qu’est ce qui amène les étudiants à décrocher? En faisant cette investigation-là, on apprend à connaître notre population étudiante. Puis, lorsqu’on apprend à connaître cette population étudiante-là, qu’on l’écoute, qu’on est conscients de leurs besoins, mais qu’on a un réel désir de changer la situation, c’est là qu’on est capable de faire bouger les choses parce qu’on a les données, on a l’information pour venir étoffer le mouvement ou la pression qu’on peut mettre pour pouvoir agir. C’est vraiment vouloir la réussite, être à l’écoute des étudiants, puis être conscient qu’effectivement, les étudiants parents n’essaient pas d’aller chercher des privilèges ou des avantages. Et on parle d’une équité, d’une chance équitable de réussite par rapport à un autre étudiant. Donc, on se doit d’agir dans ce sens-là.

Pour moi, c’est vraiment l’angle avec laquelle on doit adresser la situation.

Diane-Gabrielle Tremblay

Mélanie Côté pour l’Université TÉLUQ. Qu’est-ce qui vous semble être le levier ou l’objectif principal? Est-ce que c’est aussi cette réussite ou cette satisfaction des étudiants?

Mélanie Côté

Oui, la réussite étudiante est vraiment au cœur de nos actions. Et de plus en plus, avec la nouvelle planification stratégique qui vient tout juste de sortir. Dans le portail étudiant, que chacun des étudiants a accès pour leurs cours et leurs différents documents, il y a maintenant un nouvel onglet qui s’appelle « Ma réussite » et cet onglet-là permet de donner à l’étudiant des trucs, selon sa situation, selon ce qu’il vit, selon ce que sont ses intérêts également. C’est un soutien pour réussir dans l’aide à l’apprentissage également. On a aussi un service d’orientation si les étudiants ont certaines problématiques ou des questions par rapport à ça. Et tout, tout nouveau, ça, ça vient tout juste d’arriver il y a quelques mois, on a un soutien psychosocial qui est disponible autant pour les employés que pour les étudiants. Pour nous, c’est nouveau. Étant donné qu’on est à distance, on n’avait pas trop axé là-dessus. Cependant, maintenant, on le voit très bien. C’est une demande de nos étudiants et on va être là pour les aider, pour les soutenir afin qu’ils puissent arriver à la fin de leur programme et réussir leurs études selon leurs objectifs personnels.

Bien entendu, parce qu’on sait que selon certaines personnes, il y en a qui veulent suivre un cours, un programme court, un baccalauréat, un deuxième cycle. Donc, c’est important d’être capable de personnaliser notre approche avec les étudiants et de les accompagner en ce sens-là.

Diane-Gabrielle Tremblay

Monsieur Giguère, quels seraient les leviers pour inciter d’autres établissements à mettre en place des mesures? Qu’est-ce qui vous a incité, vous, à les mettre en place et est-ce que, justement, d’autres organisations pourraient peut-être être incitées par ces mêmes leviers?

Étienne Giguère

Oui, mais en fait, sachez que Parents-études au cégep Limoilou, ça existe bien avant ma présence. Ça fait 15 ans que je suis ici, mais le programme existe depuis 1989. Sans faire l’historique du programme, il faut dire, et c’est encore mieux aujourd’hui, qu’il y avait une sincère volonté de l’administration du collège. On est un collège qui est habitué d’accueillir des étudiants au deuxième, troisième, même on appelle ça le 4e tour. Donc, des étudiants qui sont un peu plus loin, des fois, d’un projet d’études à compléter, donc qui ont besoin de plus de mesures. Donc, le cégep, ça fait longtemps qu’il est habitué de mettre certaines mesures, de faire preuve de créativité pour soutenir des étudiants qui ont besoin d’accompagnement, donc Parents-études, ça venait dans une suite logique quand plusieurs mamans qui s’étaient manifestées à l’époque d’avoir besoin d’un peu de soutien. Ça perdure dans le temps, donc cette volonté-là, aujourd’hui, se traduit d’une façon assez claire. En fait, de un, moi maintenant mon poste… à l’époque, c’était des contractuels qui donnaient quelques heures. Il y a 15 ans, mon poste a été créé avec une majeure pour s’occuper des étudiants parents.

Donc déjà là, ça démontre une volonté de l’administration. On n’a pas à se battre à chaque année pour avoir quelqu’un en place. Mon poste existe, mais le jour où je n’y serai plus, si j’ai à changer d’emploi, il y aura quelqu’un d’autre qui va continuer. La démonstration n’est plus à faire pour la pertinence. Je vous dirais en parallèle, cette volonté est accompagnée d’argent. Donc oui, et mon salaire et le salaire de mon équipe, ça, c’est autre chose. Mais la Fondation, je l’ai nommée tantôt, fait beaucoup de belles choses pour le collège, mais a aussi cette sensibilité, cette sensibilité-là à l’égard des étudiants parents. Donc, il y a une sollicitation qui est faite auprès de certains gens d’affaires dans le milieu, entre autres, un groupe de femmes d’affaires qui participe financièrement, Desjardins qui est un partenaire qui est très impliqué aussi. Donc à chaque année, pour les mesures dont je vous ai parlé tantôt, j’ai un budget assez important. Je ne vous parle pas des quelques milliers de dollars, mais je vous parle de plusieurs dizaines de milliers de dollars qui nous permettent de concrétiser l’aide alimentaire, de payer les gardiennes, d’organiser des activités, de payer les repas, d’aider à payer des fois…

Ce matin, j’ai rencontré une étudiante : on va lui payer du taxi pour l’accommoder, pour qu’elle puisse aller mieux concilier, aller porter son fils à la garderie, puis venir au cégep, et ne plus être en retard. Donc j’ai des sous pour le faire. C’est la Fondation qui est derrière nous. Puis je dirais le troisième élément, c’est qu’on a un personnel qui est très sensibilisé à ça et à d’autres réalités des étudiants, mais particulièrement aux étudiants parents. On a, sans les enseignants, enseignantes et sans le personnel administratif qui est sensibilisé, qui veut les accompagner, qui fait des pieds et des mains pour les soutenir, évidemment, qu’on pourrait avoir un paquet de mesures, mais ça serait juste beau sur papier et il ne se passerait rien. Mais ici, ça se concrétise. La parenthèse que je voulais faire, c’est qu’on n’a pas de politique familiale. Je ne dis pas qu’un jour, il n’y en aura pas, comme dans certains établissements d’enseignement supérieur actuellement, mais on n’en avait pas senti le besoin parce qu’on a ces éléments-là qui sont en place, pis une volonté, pis du soutien de la part des enseignants et des membres du personnel.

Diane-Gabrielle Tremblay

Pour conclure du côté des étudiantes et des étudiants parents, Diana Gutierrez, est-ce qu’il y a des éléments pour? Comment pouvez-vous convaincre un établissement d’enseignement? Qu’est-ce que vous utilisez comme argument?

Diana Gutierrez

D’abord, que la population étudiante parent aux études grandit avec les familles, on est de plus en plus présent dans les établissements d’enseignement supérieur, et la plupart de ces étudiants font des études de deuxième et troisième cycles. Donc, pour les universités, dans le cas de ces universités, c’est une richesse qu’on doit accompagner parce qu’en plus, ils font des études de façon temporaire. Mettons qu’ils vont faire une maîtrise qui va durer deux ans, un baccalauréat, 3 ans, un doctorat qui va durer 3 à 4 ans, ensuite, ils vont partir. La seule chose qu’ils veulent faire, c’est faire des études pour améliorer leurs conditions de vie et ensuite repartir, s’intégrer dans les marchés du travail. Donc, c’est ce que je peux dire.

Diane-Gabrielle Tremblay

Géraldine Garceau-Pellerin, est-ce qu’il y a d’autres arguments que vous souhaitez ajouter pour convaincre les établissements d’enseignement de soutenir les parents étudiants?

Géraldine Garceau-Pellerin

Oui, clairement, alors mon orientation va ressortir au niveau du féminisme, ça, c’est sur l’égalité hommes-femmes. En fait, ça rentre dans la stratégie gouvernementale pour l’accès pour l’égalité hommes-femmes et pour donner la chance aux femmes d’avoir des salaires qui sont meilleurs pour pouvoir élever leurs enfants, pour être un modèle pour nos enfants aussi. Moi, je le vois à quel point le fait que je sois aux études est un modèle pour mes enfants, donc c’est un levier, je pense, qui serait associé aux valeurs qu’on pourrait essayer de convaincre nos universités d’adopter des valeurs, des lignes idéologiques aussi, qui sont claires, puis d’aller dans ce sens-là, en fait. L’inclusion en large, comme disait Luc Sauvé, l’inclusion dans son sens large effectivement inclut les parents aux études et toutes les étudiants et étudiantes qui ont besoin d’inclusion. Il y a la lutte à la discrimination aussi, parce que, par exemple, pour l’allaitement, il y a clairement une discrimination si on ne peut pas amener notre enfant dans notre classe pour pouvoir l’allaiter; donc, il y a un aspect discriminatoire en voulant refuser les accommodements aux parents étudiants.

Puis j’ai envie de parler de concertation parce que c’est beaucoup ce qu’on vit à l’UQAM. En fait, un des leviers, un des leviers qui mènent vers une réussite d’un tel projet de développement de politique familiale, d’amélioration des pratiques au sein de l’université ou d’une institution d’enseignement comme dans le milieu communautaire, comme un peu partout, en fait, je crois beaucoup à la concertation parce qu’il y a l’idée des enseignants, Luc Sauvé aussi parlait du lien avec les enseignants et comment c’est important de les impliquer dans cette démarche. C’est nous ce qu’on voit au sein de notre comité, on est vraiment, on a une représentativité de tous les acteurs, donc on a autant les services à la vie étudiante que les enseignants que les chargés de cours, que les étudiants, que le vice-rectorat. Donc ça, ça permet de discuter des enjeux. Je pense aussi qu’il ne faut pas négliger le temps que ça prend et de mettre en place des structures. En fait, comme un tel comité qui est large, qu’on a souvent l’impression que dans une société productiviste où on veut que ça aille vite, on veut que ça se développe vite. Sauf que ce sont des services. On touche à l’humain, ce n’est pas quantitatif, c’est vraiment qualitatif. Donc, on doit s’asseoir et on doit réfléchir à ça. Je pense que c’est important que les universités aussi soient des lieux, que les institutions d’enseignement soient des lieux de discussion et de partage de pratiques, de connaissances pour qu’on puisse arriver à des résultats comme des politiques familiales.

Diane-Gabrielle Tremblay

En conclusion, retenons que si les services de garde et d’autres services sont parmi les plus fréquents dans les collèges et universités, il reste encore beaucoup à faire pour soutenir les parents étudiants dans leurs études et leur conciliation entre famille, études et parfois aussi le travail. Dans certains établissements d’enseignement supérieur, on offre parfois la reconnaissance d’un statut de parent étudiant qui permet d’avoir accès à certains services ou permet aux enseignants d’offrir des mesures d’aménagement. On offre parfois aussi une aide financière, une aide alimentaire ou d’autres services du genre. Quelques établissements offrent de la formation en ligne, une plus grande flexibilité dans les horaires de cours ou pour la remise des travaux. Par contre, si certains établissements sont assez actifs et tentent de soutenir le mieux possible les parents étudiants, notre recension des mesures a montré qu’il reste encore beaucoup à faire dans d’autres établissements. C’est pour cette raison que nous avons réalisé une recherche et un rapport sur le sujet, ce rapport étant disponible sur le site de l’Université TÉLUQ, notamment, mais aussi sur celui du ministère de l’Enseignement supérieur.

Ressources complémentaires

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Entrevues radiophoniques et télédiffusées

Balados

Documents écrits

(Date de consultation pour l’ensemble des hyperliens : 1er février 2022)

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